Wednesday, May 7, 2008

Second Life, c’est quoi au juste?


Cela fait un bon moment déjà que je m’interroge sur la finalité de Second Life.
A quoi cela peut-il bien servir ? Et d’ailleurs est-ce quelque chose qui doit servir à quoi que ce soit ?
Cela serait tellement simple de définir Second Life comme un jeu ; un jeu n’est pas fait pour être utile, sauf si l’on estime que prendre du plaisir à jouer est quelque chose d’utile, ce qui peut parfaitement se concevoir.
Si Second Life n’est pas un jeu, alors c’est qu’il « sert » à quelque chose, ou à plusieurs choses, qu’il reste à définir de manière claire et non équivoque.
Et si après tout Second Life était un jeu servant à satisfaire des besoins autres que le simple plaisir, ou pour le dire autrement, si Second Life était un outil dont on se servirait avec plaisir, comme d’un jouet ? Ce serait un jeu « du troisième type » arrivé chez nous avec le web 2.0, ce qui demanderait de revoir la définition du mot « jeu » que l’on peut trouver un peu partout et notamment dans les dictionnaires.
Et d’ailleurs ne pourrait-on commencer pas là, par un dictionnaire ?
Après tout, chaque objet ou concept ne demande qu’une chose, qu’on lui appose une étiquette, que l’on appelle aussi une définition, car si l’on entreprend la démarche de se demander ce qu’est un jeu et que chacun donne sa propre version, on aura autant de « jeux » que de « Je ».
Donc je prends mon Larousse Encyclopédique et je lis :
«Jeu 1. Activité physique ou intellectuelle non imposée et gratuite, à laquelle on s’adonne pour se divertir, en tirer un plaisir : se livrer aux jeux de son âge (syn. amusement, divertissement). Elle essaie de résoudre ce problème par jeu (syn. plaisir). 4. Activité de loisir soumise à des règles conventionnelles, comportant gagnants et perdants, et où interviennent les qualités physiques ou intellectuelles, l’adresse, l’habileté ou le hasard : Un jeu d’équipe. Le jeu d’échecs. Tricher au jeu. 14. Manière d’agir : Le jeu subtil d’un diplomate (syn. manège)» (j’ai volontairement sauté plusieurs acceptions afin d’alléger la sauce, mais vous êtes libres de consulter le dictionnaire par vous-mêmes si vous voulez en avoir le cœur (inter)net)
Je pourrais également aller consulter le Petit Robert ou pourquoi pas le Littré, mais je préfère faire simple, le Larousse n’est pas plus mauvais qu’un autre et sa définition du jeu me convient parfaitement. Je devrais dire ses définitions, car entre les numéros 1 et 4 il y a quelques similitudes mais aussi des nuances notables.
La première définition, celle qui semble être la plus commune, est donc celle d’une activité non imposée et gratuite que l’on pratique pour s’amuser. C’est évidemment le cas de la petite fille qui joue à la poupée ou du petit garçon qui se déguise en Dark Vador. Les plus grandes personnes pourront se divertir de manière plus coquine avec leur partenaire préféré(e) et, pourquoi pas, se livrer au cyber sex « pour le fun » dans un univers virtuel comme Second Life ou autre : Second Life est bien gratuit si on ne se laisse pas tenter par tout ce qui y est proposé, vous n’êtes pas obligés de jouer à Second Life et vous ne pouvez pas nier que cela vous amuse de promener votre avatar en lui faisant faire toutes sortes de cabrioles impossibles à réaliser « pour de vrai ». Bien sûr il n’y a pas que le sexe virtuel dans Second Life, autrement mieux vaudrait aller faire un tour du côté de Red Light Center où vous serez mieux servis sur ce plan ; Second Life offre quantités d’autres possibilités ludiques dont la moindre n’est pas le « jeu de rôle » lui-même sous toutes ses formes imaginables que je ne détaillerai pas ici.
En ce qui concerne le 4ème sens du mot jeu fourni par notre dictionnaire, les choses se précisent un peu : on y parle de règles, de gagnants et de perdants, ainsi que d’habileté ou de hasard.
Second Life n’a pas vraiment de règles, hormis les TOS ou la netiquette si l’on veut vraiment en trouver, mais est-ce vraiment nécessaire d’avoir des règles pour jouer ? Oui si l’on veut qu’il y ait des gagnants et des perdants, car sans règle il est impossible de départager qui que ce soit de manière univoque. Non si l’on accepte de jouer pour jouer, mais alors il n’y a pas de gagnants ni de perdants, à moins que l’on ne considère que les gagnants sont ceux qui ont réussi à prendre leur pied et qui en redemandent alors que les perdants sont ceux qui lâchent prise et abandonnent le « jeu » parce qu’ils n’y trouvent pas suffisamment de plaisir. Or dans Second Life il y a ceux qui persistent, parce qu’ils ont compris les « règles », et il y a ceux qui partent parce que le « jeu » les ennuie profondément.
Et puis il y a aussi la 14ème définition, la « manière d’agir », qui me plait bien dans le sens qu’il s’agit d’un synonyme de « manège », c'est-à-dire une façon de se comporter afin, par exemple, de mettre quelqu’un dans sa poche, je dirais presque de le manipuler… Chacun en tirera les conclusions qu’il ou elle voudra…
Après ce rappel salutaire n’ayant pour but que d’ « objectiviser » le mot « jeu », nous pouvons faire un petit tour d’horizon dans la blogosphère pour voir quelques manières de considérer Second Life. A chacun ensuite de juger en son « âme inconsciente ».
Mes commentaires sont en italiques, car je me suis penchée sur la question.

D’abord les « anti-jeu »

«Second Life n'est pas un jeu»


Teddy: lorsque je me promène dans Second Life, je demande quel est le but du jeu. A chaque fois on me rétorque que ce n'est pas un jeu, mais une seconde vie. Qu'en pensez vous?
Erwan Cario: c'est tout le débat. SL (Second Life) n'est sûrement pas un jeu. Un jeu a besoin de défis, d'obstacles, de but et, plus généralement, de mécanismes ludiques... Il n'y a rien de tout ça sur SL. Cependant, SL s'inspire énormément de l'univers des jeux vidéo dans son interface, dans la façon d'incarner un personnage, dans le fait de le contrôler via le clavier et la souris, etc.
Donc il n’y aurait ni défis, ni obstacles, ni but, ni mécanismes ludiques dans Second Life…? A d’autres ! Rester connecté(e) toute une nuit afin d’amasser quelques Lindens en campant tout en bravant les déconnections intempestives, ce n’est pas un défi peut-être ? Et le lag quand vous essayez de danser et que votre avatar reste immobile alors que les autres le voient se trémousser, ce n’est pas un processus ludique parsemé d’obstacles hein ? Et quand vous tentez de vous téléporter pour aller à cette party à laquelle vous avez été convié(e) vous n’avez certainement aucun but…

Second Life n’est pas un jeu

Says venture capitalist Jed Smith, an early investor who sits on Linden’s board: “We decided then to be a platform and not a game.” Not incidentally, that meant Linden – unlike the purveyors of popular online games such as World of Warcraft – wouldn’t have to spend any money creating its content.
Ah bon! Ainsi ce ne serait pas un jeu pour la simple et bonne raison que Linden Lab laisserait ses « résidents » se démerder tout seul sur une plate-forme sans dépenser un penny pour leur amusement? Ceci est de toute évidence un argument de financier n’ayant pas beaucoup joué dans sa vie !

Réflexions sur Second Life et l’avenir du Web

Second Life n’est pas un jeu
Contrairement à World of Warcraft, Second Life ne vient pas avec un CD contenant l’entièreté des paysages et graphiques disponibles dans l’univers. Tout ce que vous voyez de Second Life sur votre ordinateur, est complètement Web. Vous téléchargez évidemment le logiciel permettant de faire fonctionner la chose, mais tous les détails de l’univers et toutes les créations de même que les avatars viennent directement de l’internet. C’est déjà presqu’une révolution en soi! De plus, contrairement à un jeu, vous n’avez pas de mission à compléter, paliers à franchir, points à amasser ou d’objectif final à accomplir. Vous êtes laissé complètement à vous-même. Vous pouvez aller où et quand bon vous semble. Il n’y a pas de circuit prédéterminé. Il y a bien quelques règles, mais ce ne sont pas des règles dans le sens de « règles du jeu ». Ce sont plutôt des règles de civilité et des contraintes d’affaires imposées par Linden Lab, afin de garder le contrôle de leur invention et de permettre aux avatars d’évoluer. Ce sont en fait plus des lois et règlements, comme nous en trouvons dans toutes les sociétés. Il y a bien des gens qui ne sont pas d’accord avec celle-ci, la Second Life Liberation Army notamment, mais ces expressions de rebellions sont la preuve même que cet univers est réellement vivant et différent de ce que l’on peut trouver dans les jeux multijoueurs classiques. C’est la preuve que Second Life est une société dans laquelle il peut même y avoir de la dissension!
Et pourquoi donc le fait d’être laissé à l’abandon sans règle précise ne serait pas un jeu, justement ! Et cette soi-disant Armée de Libération de Second Life, n’est-ce pas de toute évidence une composante d’un jeu créé à l’intérieur de Second Life, le but de ce jeu étant d’obtenir des droits politiques pour les avatars? N’allez quand même pas me dire que vous prenez au sérieux ce genre de revendication…

Et maintenant les « pro-jeu »

La révolution «Second Life»


Second Life, monde virtuel persistant en trois dimensions, est un jeu grâce auquel trois millions d'êtres de chair dirigent, du bout de la souris, un personnage virtuel («avatar») et le faisant devenir un entrepreneur, dirigeant de supermarché, designer, peintre ou star du X.
Là au moins c’est direct ! Qui n’a pas rêvé d’être star du X, à part un polytechnicien?

Wikipédia

Second Life n'est pas un jeu stricto sensu mais un espace d'échanges (donc de jeu aussi si les utilisateurs le désirent), visant à être aussi varié que la vie réelle.
Second Life n'est pas un jeu vidéo au sens habituel car il n'y a aucun but précis (quête ou mission fixée objectivement par une règle extérieure). Au contraire, chaque participant est libre de se fixer les objectifs qu'il veut.
L'avatar (le « joueur ») n'a pas de mission à remplir, il est libre d'aller où bon lui semble, et d'y faire ce qu'il veut tant qu'il respecte les conditions d'accès et d'utilisation de Second Life.
C’est un jeu, c’est pas un jeu, je me tâte, c’en est pas tout à fait un mais quand même… On remarque cependant que l’avatar est qualifié de « joueur » avec les précautions d’usage, c'est-à-dire entre guillemets

Jeux OnLine


Sans commentaire (est-ce bien nécessaire…?)

Jeux Video PC

Là aussi ça parle tout seul, il faut dire qu’avec un site qui s’appelle « Jeux Video PC » on ne va pas vous ennuyer avec un tableur ou un traitement de texte.

Gamebiz

Actuellement, plusieurs millions de joueurs résident déjà dans l'univers de Second Life. L'aspect social est prédominant dans ce jeu. Contrairement à d'autres jeux massivement multijoueurs, il n'y a pas de quêtes, pas de combats contre l'environnement (PvE)... Les combats entre joueurs (PvP) sont permis dans certaines zones, mais ne sont pas obligatoires pour progresser dans le jeu.
Au suivant…

Outil-referencement

Second Life est un jeu vidéo gratuit massivement multi joueurs jouable uniquement en ligne. Il vous propose d'incarner un personnage dans un environnement virtuel permanent.
L'originalité est que c'est la communauté de joueurs qui crée le monde virtuel. Vous pouvez ainsi fabriquer n'importe quel type de bâtiment.
Circulez, ya plus rien à voir…

My Second Life

Le nouveau joueur devra définir son ou ses jeux, et les poursuivre en interaction avec les autres joueurs. Rôles, commerce, amusement, création, recherche, stratégie… tout est possible.
Tout est dit , non?

Et un petit dernier pour la route.

Jeu de rôle (Wikipédia)

Un jeu de rôle, souvent abrégé en JdR, parfois appelé jeu de rôle sur table pour le différencier des jeux de rôle psychologiques, est un jeu de société dans lequel plusieurs participants créent ou vivent ensemble une histoire par le biais de dialogues, chacun incarnant un personnage.
Les jeux de rôle se distinguent des autres jeux de société car il n'y a généralement ni gagnant ni perdant. Ils sont une forme interactive de conte, basée sur des relations sociales et collaboratives plutôt que sur la compétition. La fin d'une partie ne désigne pas forcément un gagnant unique. Le but du jeu est simplement le plaisir qu'on éprouve à participer à une histoire, à interpréter un rôle et à faire évoluer son personnage pour le rejouer dans une partie future.
Ah tiens, il n’est pas question de Second Life ici, pourtant j’avais cru reconnaître…


Second Life cache bien son jeu, les avatars, eux, cachent bien leur Je.
Sofian Mannonen


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