Thursday, March 6, 2008

Ingrid Betancourt et Liliane Bettancourt

Mélanie, devant la photo de sa mère

Palmarès du jour.

D'un côté Ingrid, 6 ans de captivité aux mains des FARCS.

De l'autre Liliane, 22 milliards de dollars de fortune personnelle.

Quel rapport entre les deux?

D'abord un t de différence.

Ensuite une situation inacceptable pour les deux, mais pas dans le même sens.

L'une est la femme la plus riche du monde, sans avoir réellement travaillé dans sa vie, ou si peu en tout cas par rapport à l'argent de poche qu'elle a amassé simplement en étant madame l'Oréal; également auteur d'après Wikipédia de citations qui passeront certainement à la postérité, comme par exemple:"La relation entre les gens, je ne crois pas qu'elle s'achète. L'amitié, le goût de la vie, la connaissance, la santé : je dirais que ce sont ces choses-là qui ont le plus de prix. Tout ce qui ne se compte pas est ce qui compte le plus."

L'autre est, peut-être, la femme la plus déshéritée du monde, ayant eu la naïveté de croire qu'on pouvait circuler sans risque dans une région truffée de gens de peu de foi dont la spécialité est l'enlèvement contre rançon.

Nicolas Sarkozy ne s'offusquera pas de la fortune de la première et tentera d'utiliser la seconde comme "rehausseur" de son image publique; il avait déjà réussi quelque peu avec les otages de Khadafi, par Cécilia interposée, et il nous refait le coup maintenant avec des mots (car là c'est beaucoup plus difficile d'envoyer Carla dans la jungle bolivienne)
Ce faisant il vient peut-être de signer l'arrêt de mort d'Ingrid, en lui donnant encore plus d'importance aux yeux de ses ravisseurs qui n'ont aujourd'hui plus grand chose à perdre.
Marulanda "Tirofijo" n'a que faire de la vie d'Ingrid, et à chaque demande de libération la valeur de celle-ci ne cesse d'augmenter, alors pourquoi la cèderait-il?
Le seul espoir de voir Ingrid libre aurait pu être (mais maintenant il est déjà trop tard) de ne jamais parler d'elle et de ne lui accorder aucune importance; oui je sais, plus facile à dire qu'à faire, mais donnez-moi une meilleure méthode.


Non, nous ne sommes pas dans Second Life, nous ne fantasmons pas et nous ne jouons pas avec des billets de Monopoly et des avatars que l'on peut déconnecter à loisir et voir ressusciter quelques minutes après avoir rallumé notre ordinateur.

C'est la vie, la vraie, celle qui fait mal, celle qui est injuste, mais à laquelle nous ne pouvons pas échapper.


L'expérience prouve qu'il est beaucoup plus facile de prendre des otages que de les relâcher.
André Frossard
Extrait de Les Pensées