Wednesday, December 26, 2007

Vertige


Bien que je sois « coincée » au travail comme chaque fin d’année (arrêté des comptes oblige…) j’ai quand même jeté un œil sur mes blogs favoris et suis « tombée » sur le dernier article de Daneel.

J’y ai découvert des choses que je pressentais seulement jusqu’à présent, sans avoir pu « matérialiser » ces concepts aussi précisément que le font Daneel et Wangxiang.

Je savais déjà depuis belle lurette maintenant qu’un jour l’homme serait capable de créer des machines aptes à le remplacer dans beaucoup de secteurs, notamment pour l’aider à effectuer des tâches dangereuses ou trop onéreuses si elles étaient accomplies par des êtres humains, l’exploration spatiale étant le meilleur exemple que je puisse donner à l’instant présent (mais je suis sûre que le domaine d’application est bien plus vaste que cela, je manque simplement d’imagination…)

J’avais également pensé, depuis que je connais les mondes virtuels par le biais de Second Life, c’est-à-dire depuis quelques mois seulement, que l’on pourrait créer un avatar capable de se mouvoir de manière indépendante grâce à l’intelligence artificielle (IA) qui n’en est actuellement qu’à ses balbutiements.

La lecture des articles de Daneel et Wangxiang non seulement me conforte dans mes premières impressions, mais leur donne également un coup d’accélérateur vertigineux (d’où le titre de cet article) qui me propulse en avant comme si j’avais un moteur fusée dans le dos : la poussée m’a carrément coupé le souffle pendant quelques instants !

Et comme toujours avec le web, la lecture de ces articles aiguille sur d’autres liens tout aussi intéressants mais qu’il paraît difficile de digérer en quelques heures voire en quelques jours tant le sujet est vaste.

La singularité technologique donc.

Ainsi l’ère humaine prendrait fin très bientôt, dans quelques décennies tout au plus, car l’homme aurait réussi cet exploit de créer des machines plus intelligentes que lui, capables de se reproduire entre elles et de créer elles-mêmes des machines encore plus intelligentes, et ce de manière quasi exponentielle, leur « intelligence » pouvant ainsi « atteindre plusieurs milliards de fois celle d’un cerveau humain » comme le précise Wangxiang dans son article du 27 septembre dernier.

Une question se pose ici : qu’entend-on par intelligence des machines… ? Peut-on considérer qu’une intelligence de machine est comparable à l’intelligence d’un être humain ?
Wangxiang fait allusion à Deep Blue, le programme informatique développé par IBM afin de tailler des croupières à Gary Kasparov il y a dix ans de cela ; Kasparov gagna alors contre lui mais prit une déculottée un an plus tard contre le successeur de Deep Blue : Deeper Blue !
Avec un peu de mauvais esprit on pourrait dire que l’homme se l’est fait mettre bien « deep » par la machine, mais Wangxiang a raison de préciser que ce programme ne savait jouer qu’aux échecs et qu’il se serait fait battre (c’est moi qui rajoute là) par un enfant à la bataille, tout simplement parce qu’il n’avait pas été programmé pour jouer à la bataille et qu’il était incapable de faire évoluer par lui même son champ de connaissances.

Maintenant si l’on considère que l’homme est capable d’améliorer ce qu’il appelle l’intelligence artificielle des machines, de manière à permettre à un ordinateur d’apprendre et de progresser sans intervention humaine (ou avec quelques coups de pouce seulement), et en imaginant qu’un ordinateur muni du programme adéquat puisse jouer à n’importe quel jeu disponible sur la planète simplement en en lisant les règles, comme le ferait n’importe quel être humain, peut-on pour autant dire que l’ordinateur est plus intelligent que l’homme sous prétexte qu’il le battrait à plate couture dans toutes les disciplines (y compris à la course à pied, mais c’est un autre sujet…) ?

Il est certain que la capacité de calcul d’un ordinateur est sans commune mesure avec celle d’un primate, mais le singe évolué que nous sommes devenus au cours de millions d’années d’évolution n’a-t-il pas quelques avantages qu’il sera bien difficile à une machine de nous contester ?

L’un de ces avantages est peut-être la capacité d’homo sapiens à se rebeller…

Nous le voyons actuellement avec les OGM et le nucléaire par exemple : la question n’est pas de mettre en doute la validité (ou l’invalidité) des sujets en cause, l’important est de savoir si l’homme acceptera de vivre en mangeant des OGM et en s’éclairant au nucléaire.

Pour l’instant le match n’est pas complètement gagné, ni par les tenants ni par les opposants, et rien ne permet d’imaginer ce que la situation sera dans 10 ou 15 ans ; peut-être mangerons-nous des OGM mais refuserons-nous le nucléaire, ou l’inverse, ou bien accepterons-nous les deux ou refuserons-nous les deux, bien malin qui peut dire actuellement ce qu’il en sera…

Ainsi l’homme pourrait très bien se rebeller contre une proéminence trop marquée des machines, en les bridant comme on bride un moteur de voiture par exemple. Wangxiang évoque cette hypothèse dans son article (ainsi qu’une autre d’ailleurs, que je préfère personnellement ignorer, étant d’un naturel plutôt optimiste…) en parlant de « renonciation définitive à créer des intelligences surhumaines »

En fait jamais rien n’est totalement blanc ou noir, le gris est la couleur qui domine le monde, donc je pense qu’on peut difficilement imaginer une « renonciation définitive », le plus probable étant que l’homme cherchera à « maîtriser » le processus, mais là arrive la question qui tue : l’homme parviendra-t-il à maîtriser un tel processus qui, comme une réaction nucléaire, est susceptible d’emballement à la moindre défaillance ; nous risquerions ainsi un Tchernobyl informatique comme nous en avons eu un nucléaire.

Et les retombées ne seraient pas alors limitées à un espace géographique restreint…

Mais tout ceci repose sur des suppositions basées essentiellement sur le passé.

Bien sûr je suis d’accord avec Daneel quand il dit « vous voyez Internet il y a 10 ans : 1997. Aujourd’hui : 2007. Imaginez 2 secondes dans 10 ans. »

Mais comme les arbres ne montent pas jusqu’au ciel (Expression selon laquelle les cours de bourse ne peuvent pas monter indéfiniment et qu'il faut savoir prendre ses bénéfices à temps…) les extrapolations ont leurs limites dans tous les domaines, même la fameuse loi de Moore, stipulant que la complexité des semi-conducteurs double tous les 18 mois à coût constant, qui trouvera ses limites naturelles en la personne de la physique quantique, sans parler des contraintes économiques (Loi de Moore)
Il n’est donc pas certain que dans 10 ans le paysage Internet soit vraiment très différent de celui qu’il est actuellement, comme il se peut tout aussi bien qu’il soit tellement différent que l’on ne puisse même pas imaginer aujourd’hui à quoi il ressemblera !

Reportez-vous au début du XXème siècle : c’était les débuts de l’automobile ; pensez-vous que nos voitures soient vraiment très différentes ? Elles ont toujours des roues, un volant, des pédales pour accélérer ou pour freiner, une carrosserie… même si elles sont totalement différentes technologiquement parlant, leur aspect n’a guère changé, l’homme n’a fait qu’ajouter des améliorations à un modèle qui existe maintenant depuis plus d’un siècle.
Il pourrait en être de même avec l’Internet, nous avons peut-être aujourd’hui la « carcasse » que nous garderons pendant longtemps en y apportant quelques « petits plus » par-ci par-là.

D’un autre côté nos aïeux du temps de Jules Vernes s’imaginaient l’an 2000 avec des voitures volantes qu’ils dépeignaient comme les tacots de leur temps en y ajoutant des ailes et des moteurs de biplans ; ils se sont complètement trompés, non seulement nous ne volons toujours pas au quotidien avec nos voitures, mais celles-ci ont quand même changé d’aspect depuis un siècle (oui je sais, j’ai l’air de me contredire par rapport au paragraphe précédant, mais ce n’est qu’une illusion d’optique…)

Tout cela pour dire que l’art de la prévision est un art difficile, voire périlleux, et pas seulement en météorologie !

Et Second Life dans tout cela? En fait la thèse développée par quelques experts et reprise par Wangxiang et Daneel est que notre cher metaverse préféré serait en quelque sorte le terreau qui permettrait à des « robots-avatars » de développer leur intelligence artificielle au point qu'elle surpasserait la nôtre en peu de temps.

Je partage complètement cette vue avec les quelques bémols exprimés plus haut, sachant que rien n’est jamais sûr, sauf peut-être, et encore, que nous n’avons en vérité qu’une vie…

Je m’aperçois à ce stade que j’ai oublié quelque chose…

Bon annimétaversaire Daneel !

En attendant il me reste beaucoup de lecture à rattraper et il se peut que je change d’avis sur certains points quand j’aurai digéré (toutes?) les références fournies par mes amis.

We keep in touch!

L'angoisse est le vertige de la liberté.
[Sören Kierkegaard]
Extrait de Le concept d'angoisse


(top)

1 comment:

Unknown said...

Merci! :o)
Je ne cherche pas à convaincre sur la Singularité, je trouve que c'est vraiment inutile.
Mais ...
si tu doutes encore, tu peux lire ces lectures proposées à Wangxiang il y a quelques semaines : Calo et Virtual Eve ... et nous reparlerons un peu plus tard des limites de l'Intelligence Artificielle.