Wednesday, March 19, 2008

Le monde selon Monsanto : coup de gueule contre foutage de gueule ?


S’il y a bien quelque chose que je déteste par-dessus tout, c’est être manipulée.

J’ai regardé l’autre jour sur Arte le reportage de Marie Monique Robin sur Monsanto. J’en suis sortie non pas bouleversée, ce serait un peu fort comme réaction, mais grandement troublée par les arguments avancés contre la firme américaine.
Je n’avais déjà pas une grande opinion de Monsanto et étais plus que réservée sur le Roundup, préférant arracher à la main les mauvaises herbes de mon jardin et laissant la vie sauve à la grande majorité en me disant qu’après tout elles avaient le droit de vivre elles aussi.
J’ai d’ailleurs plutôt la fibre écologique, je fais attention à ne pas gaspiller mon énergie et utilise fréquemment la chaise longue qui me permet d’économiser de précieux (sic) rejets de gaz carbonique dans l’atmosphère ; je trie mes déchets, j’éteins les lumières qui ne sont pas indispensables, je respecte les limitations de vitesses à 90 km/h sur la rocade toulousaine, bref je me comporte en citoyenne responsable (et je ne cite pas ici la longue liste de mes actions en faveur de la préservation de la couche d’ozone)
Je fais également attention à ce que je mange, la mal bouffe ne passera pas par moi, sauf cas exceptionnels quand ma fille me traîne au MacDo.
J’étais donc plutôt réceptive au monde selon Monsanto de Marie Monique Robin.

Malheureusement j’ai maintenant comme un doute, un gros doute sur l’objectivité de ce reportage.

J’ai en effet eu connaissance aujourd’hui de certaines informations contradictoires ne traitant que des aspects purement scientifiques de cette «enquête» et laissant donc de côté tout ce qui a trait notamment à l’éthique, à l’économie ou à la politique.
Le problème est que si le discrédit est porté sur une partie du reportage, arguments factuels à l’appui, ce discrédit peut raisonnablement être étendu aux autres thèses abordées, même en l’absence de données concrètes, car alors le doute ne peut plus bénéficier à l’auteur qui s’est rendu(e) coupable d’approximations et de parti pris.
Essayons d’abord de prendre Marie Monique Robin à son propre jeu, c’est-à-dire investiguons un peu sur le passé, sur son passé.
On s’aperçoit d’abord que le prix Albert-Londres a été attribué un peu vite en 1995 à Marie Monique Robin, son reportage sur les «voleurs d’yeux» paraissant quelque peu sujet à caution si l’on en croit l’Humanité du 19 septembre 1995 (non, je ne suis pas communiste, cependant même l’Humanité est capable de produire des articles de qualité)
Ensuite, un autre «reportage» (je me sens vraiment obligée de mettre les guillemets, le mot reportage ayant pour moi un sens assez précis) jette un certain éclairage sur les qualités scientifiques de Marie Monique Robin, qui semble plus attirée par l’ésotérisme que par les sciences exactes, si l’on en croit ce titre très explicite ; Le sixième sens : science et paranormal ; dans la présentation faite par Arte de ce «reportage» (que je n’ai pas vu mais dont je peux imaginer la teneur) on apprend par exemple que Marie Monique Robin a rencontré «un ancien agent de la CIA, qui a acquis un don de vision à distance depuis son expérience de “mort imminente”, ce qui lui a permis de sauver des otages et de donner des renseignements stratégiques fondamentaux à ses collègues...». On en reste pantois…
Bien sûr il est dit que le sujet (la parapsychologie) est tabou en France alors que les Etats-Unis et «certains pays européens» la reconnaissent…ça me rassure, comme quoi tout n’est pas perdu dans notre beau pays et qu’il y a encore une majorité de gens qui sont capables de réfléchir.

Ces deux exemples de reportages bidons sont mentionnés dans l’article de Marcel Kuntz mais il y a à parier que si l’on enquêtait sur les autres productions de Marie Monique Robin on pourrait trouver quelques perles du même acabit.
Au fait, Marcel Kuntz est biologiste et directeur de recherche au CNRS, il est apparemment plutôt en faveur des OGM mais d’une façon mesurée et responsable, sans a priori ni préjugés. Il donne en quelques mots son sentiment sur la question que je vous invite à lire et à commenter si vous n’avez pas la souris trop paresseuse.
Un autre article de Marcel Kuntz peut être compulsé concernant le cas du maïs MON863 (MON pour Monsanto) et je vous laisse éventuellement le soin de critiquer son bien fondé (je préfère personnellement rester neutre sur ce sujet, étant employée par un concurrent de Monsanto...)
Maintenant si l’on se penche un minimum sur les points scientifiques abordés par Marcel Kuntz concernant le «reportage» de Marie Monique Robin, en voici ici la liste (avec mes commentaires entre parenthèses) que vous pourrez consulter avec son argumentation dans son article du 3 mars dernier déjà cité plus haut :
Argument n° 1 : le principe d’équivalence substantielle aurait conduit à considérer les OGM comme équivalents aux autres aliments, et donc à ne pas les évaluer (Marie Monique Robin semble comprendre de travers, qu’en est-il pour vous...?)
Argument n° 2 : le «lanceur d’alerte» Arpad Pusztai aurait été sanctionné car ses travaux montreraient la dangerosité des OGM (ce chercheur s’avère plus communicant que scientifique, aurait-il raté une vocation dans la publicité?)
Argument n° 3 : l’évaluation du soja transgénique serait insuffisante et montrerait des anomalies sur les animaux (où l’on apprend qu’il n’est pas sain de se gaver de soja, transgénique ou pas transgénique)
Argument n° 4 : les échecs du coton Bt pousseraient les paysans indiens au suicide (le coton Bt semble avoir bon dos et être accusé de tous les malheurs des pauvres paysans indiens, votre avis svp, je ne suis pas compétente en la matière et voudrais avoir l’opinion d’experts)
Argument n° 5 : le maïs transgénique envahirait le Mexique et produirait des formes monstrueuses (là aussi je jette l’éponge, c’est trop technique pour moi mais je dois avouer que l’argumentation de Marcel Kuntz a l’air de tenir la route)
De nombreuses références figurent à la fin de l’article, les personnes vraiment intéressées pourront les consulter afin de se faire une meilleure opinion (en faveur ou en défaveur, du moment que c’est sans idées préconçues, ce qui n’est pas gagné…)

En conclusion j’ai quand même bien l’impression de m’être fait embobiner, car j’y ai cru plusieurs jours à ces révélations sur l’abominable Monsanto.
Je suis cependant convaincue que cette entreprise est dangereuse, non pas pour la plupart des motifs invoqués dans le film diffusé sur Arte, mais tout simplement parce que comme tout groupe de taille planétaire il s’agit d’un «monstre froid» dirigé par des hommes (peu ou pas de femmes à la tête de ce genre de business, et c’est pire dans le secteur agro-chimique...) qui ont davantage l’œil rivé sur le cours de leurs actions (i.e. stock-options) que sur les courbes retraçant l’évolution de la pauvreté dans le monde.

Le doute «bénéficiant» à l’accusé, et comme il y a ici deux accusés, Monsanto et Marie Monique Robin, je considère comme douteuses les allégations des deux parties et les renvoie dos à dos.

C’était mon délire du mercredi soir.


En toute hypothèse - qu'elle soit ou non manipulatrice ici ou là - nul ne niera le pouvoir envoûtant de l'image qui nous envahit.
François Dagonnet
Extrait de Les dossiers de l'Audiovisuel


(top)



1 comment:

Anonymous said...

Le récent film de Marie-Monique Robin sur ARTE est une « grossière supercherie » ! C’est une fabuleuse manipulation qui doit etre dénoncée. L’ambition du livre & film va bien au-delà de Monsanto parce qu’ils ont derrière eux de gros moyens financiers. C’est une vraie machine de communication et de destruction qui est « nouvellement » mise en place.

Il faut savoir que ces documents produits par la « journaliste d’investigation » ont été facilités par l’entourage du Ministre francais de l’Environnement Borloo. Il a favorisé son réseau avec Corinne Lepage – ancienne Ministre de l’Environnement et avocat de Greenpeace, entre autres clients - avec le soutien financier de Greenpeace, ATTAC & consorts. En dix ans, CriiGen & Greenpeace n’ont pas pu prouver avec des faits incontournables la dangerosité des OGMs ; donc leur nouvelle stratégie commune est de s’associer pour détruire la réputation de cette société … et du capitalisme, en général. Le but est de discréditer Monsanto dans les yeux du public francais jusqu’à présent une société respectée dans le monde pour ses nombreuses innovations technologiques en 107 années d’existence, et tous les moyens sont bons !

Attention … l’ambition des ONGs environnementales et altermondialistes est de démontrer que toute innovation scientifique venant du monde industriel est d’office « suspecte, donc dangereuse » … une façon d’attaquer le capitalisme dans l’opinion des politiciens et du public francais avec l’intention de diffuser ces informations dans le monde entier.

Maintenant, pour le non-scientifique Borloo, il y aurait soi-disant les OGM-herbicides, les OGM-insecticides, les OGM-médicamenteux, etc… c’est n’importe quoi ! Il veut imposer aux 26 autres pays de l’UE que tout « OGM-insecticide » – comme il appelle le Mais Bt - soient testés en Europe pendant deux ans sur des souris/rats … comme l’est tout insecticide de synthèse au lieu des trois mois de tests sur animaux, actuellement imposés par les scientifiques de la communauté internationale … !!! Logique … ? Non … c’est farfelu, vous diront les toxicologues. Les scientifiques trouvent cela irrationnel, mais comment l’arretez

Les accusations sont monstrueuses, déformant la vérité, incomplètes et biaisées. Elles sont une honte pour la journaliste connue pour ses reportages controversés et pour le manque d’objectivité d’ARTE, une chaine publique franco-allemande, qui n’a pas voulu vérifier la véracité de ces graves accusations. L’appui sans réserves et la promotion active des lobbies anti-OGM à cette opération auraient pu susciter la prudence des journalistes. L’opacité, les desseins hégémoniques, voire diaboliques prêtés à Monsanto relèvent d’une affabulation délatrice, mais ce sera à Monsanto de se défendre.

Bien sur, je défend la liberté de la presse, mais n’exige-t-elle pas en retour un devoir déontologique de recherche de la vérité ?

A propos … entre autres … Monsanto n’a jamais inventé le dit « Agent Orange », c’est la DOW Chemicals Company, ni le PCB-pyralene. C'est le gouvernement americain qui a impose a SEPT societes chimiques americaines de produire l'Agent Orange pour son armee au Vietnam. Monsanto comme les autres n'ont pas eu le choix.
Le PCB est une molécule chimique connue depuis près de 200 ans. En 1929, Monsanto a identifié ses qualités d’isolation à l’époque où l’industrie de l’électricité avait besoin d’un isolant fiable pour la produire. Monsanto a bien fabriqué le PCB aux USA jusqu’en 1977, mais il n’y avait plus de brevets, et d’autres grands groupes chimiques l’ont fabriqué en Europe. Personne – à ma connaissance, et Google le confirme… - n’est jamais mort du à son exposition aux PCBs ; meme l’explosion industrielle malheureuse, mais fortuite qui a eu lieu en 1968 au Japon – certainement pas à cause de Monsanto ( !) - n’a fait aucun mort.

Monsanto produit bien le BST, l’hormone de production laitière bovine, mais n’est absolument pas dans le business des hormones pour la production de viande bovine. L’herbicide « Roundup » et sa matière active « glyphosate » n’est ni toxique, ni cancérigène. Il est moins toxique que l'aspirine ! Ce n’est plus un monopole parce que ses brevets sont tombés dans le domaine public au siècle dernier ! MMR n’a pas osé dire que les Chinois fabriquent près du tiers de la production mondiale de glyphosate !

Quant au soi-disant contrôle monopolistique du marché mondial des semences, Monsanto controle seulement environ 4% du commerce des semences dans le monde. Alors que cette société contrôle encore l’insertion des gènes Bt et RR dans toute semence jusqu’à l’expiration proche de ses brevets, elle est bien loin de controler 90% de la « vente » des semences OGM qui appartiennent aussi à de multiples sociétés privées et indépendantes de Monsanto … comme MMR voudrait l’accuser ... c’est assez différent !

Quant à l’appellation controversée d’un produit « biodégradable », la définition technique légale de la biodégradabilité d’un produit chimique a évolué au cours des années, et Monsanto a du effectivement retirer cette mention sur ses bidons pour satisfaire la régulation. Au lieu de se dégrader à 60% en un mois, le glyphosate se dégrade presque totalement en trois mois. Big deal … !

Etc… etc… etc…