Saturday, March 1, 2008

Net génération et livre numérique

Le dernier numéro (2956) de L’express nous gâte avec deux articles touchant les nouvelles technologies, l’un sur la Net génération, l’autre sur le livre numérique (je ne sais pas pourquoi mais j’ai le sentiment que le livre numérique aura dans un proche avenir un impact plus important sur notre vie quotidienne que les mondes virtuels tels que Second Life)

Voici un condensé de ces deux articles.

Net génération, les accros de l'écran


La société TNS Media Intelligence, spécialisée dans la veille médiatique, qualifie nos enfants d’ados techno sapiens.


Cette catégorie de population, âgée de 8 à 19 ans et forte de 8,9 millions de têtes en France, est donc baptisée la Net génération, qu’on en juge plutôt avec les chiffres suivants concernant l’année 2007 :

- 59% possèdent un mobile
- 61% sont équipés d’un MP3
- 76% jouent sur une console
- 89% sont connecté à Internet

Pourquoi un tel engouement?

Le Web serait un lieu de désinhibition selon le psychologue et psychanalyste Michael Stora, créateur de l'OMNSH (Observatoire des Mondes Numériques en Sciences Humaines)

Ainsi les ados se lâcheraient, les filles principalement avec leurs blogs (tiens, tiens…), les garçons avec les jeux (en ligne je présume, bien que ce ne soit pas précisé dans l’article) et tout ce petit monde avec les messageries.

70% des ados (presque les ¾ !) passeraient plus de 2 heures par jour devant leur ordinateur pour ces activités.

Par ailleurs, il semblerait qu’en majorité ils préfèrent communiquer par l’écrit plutôt que par la voix ; en effet, ils se sentiraient «plus à l’aise, moins timide» qu’au téléphone comme le dit l’un d’eux (ce qui me fait penser au succès plus que mitigé de la voix dans Second Life, bien qu’il y ait plusieurs raisons à cela…) et ils trouveraient plus facile d’écrire certaines choses que de les dire!

Selon le témoignage d’une jeune fille qui «déteste les silences au téléphone» on peut effectivement imaginer que l’écrit est un rempart contre une trop grande proximité que procurerait le contact vocal (même si ce dernier est purement intangible, la voix a une charge émotionnelle que ne possède pas l’écrit)

Bien sûr cette addiction (pour ne pas dire drogue) peut être la cause de difficultés voire d’échecs scolaires, dus notamment à la fatigue occasionnée par les longues séances devant l’écran.

Cependant un avantage serait (mais cela ressemble plutôt à un argument de vente…) une ouverture au monde qui permettrait, entre autres, de développer des capacités de recherche documentaire ainsi que d’améliorer son anglais.

Personnellement je reste sceptique quant à la «capacité de recherche documentaire», sachant que certaines universités (je ne retrouve plus mes sources, donc je cite de mémoire) ont mis en place des logiciels permettant de scanner les copies des étudiants afin de les comparer aux textes disponibles sur Internet et déceler par là même les emprunts qu’ils auraient pu faire en «googelisant» le sujet de leur dissertation…

C’est bien de savoir rechercher du contenu, c’est encore mieux de savoir en créer et le simple copier-coller ne suffit pas à aider un cerveau juvénile à apprendre cela.

En ce qui concerne l’anglais, il est vrai que la pratique de l’écrit peut en être améliorée, mais pas celle de l’oral si l’on se réfère à ce qui s’est déjà dit plus haut.

Enfin, une étude suisse aurait situé la limite à ne pas franchir à 35 heures par semaine (inspirée par Mme Aubry…?)

Quelques 2% de cyberdépendants l’auraient déjà franchie et certains d’entre eux se retrouveraient à Marmottan, l’hôpital spécialisé dans la prise en charge des toxicomanes et joueurs compulsifs (ce seraient pour l’essentiel des garçons de 16 à 25 ans qualifiés de timides et introvertis)

Pour clôturer ce chapitre je laisse le psychiatre Marc Valleur exprimer son opinion que vous pourrez méditer à loisir : «Les technologies du lien peuvent isoler ceux qui fuient le réel, même si leurs usagers ont le sentiment de n'être jamais seuls parce qu'ils communiquent avec les autres joueurs.»

Evidemment le mot joueur est à prendre au sens large et vous pouvez à mon avis aisément le remplacer par avatar même si aucune dépendance à Second Life n'a pu être constatée jusqu'à présent par Marc Valleur.


Le livre numérique pour les nuls


Comme je le disais en début d’article je pense que nous tenons là une innovation qui nous marquera davantage que les mondes virtuels dans notre vie quotidienne et cela pour plusieurs raisons.

1- Facilité d’utilisation : quelques boutons, un écran tactile permettant, à l’aide d’un stylet, de naviguer aisément dans les menus, voire même d’écrire et de dessiner comme sur une vulgaire feuille de papier.
2- Portabilité : beaucoup moins encombrant qu’un ordinateur portable
3- Agrément de lecture facilité par l’encre électronique, qui fatigue beaucoup moins les yeux qu’un écran d’ordinateur retro-éclairé et rend la lecture très proche de celle d’un livre classique.
4- Une immense bibliothèque dans la poche pour pas cher : les prix des appareils sont actuellement compris entre 200 et 650 euros selon les modèles et vont très certainement chuter dans les années qui viennent
5- Accès aux livres proche du gratuit : d’une part les livres tombés dans le domaine public pourront être téléchargés pour zéro euro, d’autre part les livres récents seront disponibles à des prix défiant toute concurrence.
6- Avec leur démocratisation ces livres numériques incorporeront certainement d’autres fonctionnalités qui les rendront vite indispensables : agenda, navigateur web, console de jeux (y compris Second Life…), appareil photo, téléphone (avec vidéo sur grand écran !), messagerie (style BlackBerry), et j’en oublie sûrement…


Bref il s’agit de l’Outil du futur que nos enfants n’imagineront même pas ne pas prendre avec eux où qu’ils aillent.

Pour l’instant il existe plusieurs freins :
- Technologique, évidemment
- Economique (remise en cause des circuits traditionnels de l’Edition, allant de la fabrication des livres jusqu’à leur distribution)
- Culturels, car nous restons encore viscéralement attachés à notre «feuille de papier», mais nos enfants le seront-ils, eux…?

En conclusion, dans le droit fil du Web 2.0 nous deviendrons tous des écrivains et des journalistes, car tout ce que nous ajouterons comme contenu dans la « matrice » pourra être récupéré par n’importe qui, comme c’est déjà le cas actuellement, mais à une bien plus grande échelle et avec une facilité d’utilisation incomparable.

Les livres sont le fléau de l'humanité. Les neuf dixièmes des livres existants sont des inepties, et les livres intelligents ne sont que la réfutation de ces inepties.
Benjamin Disraeli



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