O comme Overtime
N comme Nil
D comme Disillusion
Overtime
Et quand on fait le compte des heures passées à la fois sur Second Life et à bloguer, on est pris d’une sorte de vertige…
D’abord il faut tenir compte des nombreuses heures dépensées parfois en pure perte à régler (ou à subir) des problèmes purement techniques : crashes à répétition, lag qui vous plombe les guibolles et vous fait labourer le sol virtuel droit devant vous malgré votre action frénétique et totalement dérisoire sur la souris et le clavier, téléports interminables qui au final vous laissent en plan à l’endroit exact que vous souhaitiez quitter ou vous envoient paitre dans un lieu inconnu « pour cause de région actuellement inaccessible », attachements que vous essayez désespérément d’attacher (logique, non ?) à votre avatar mais que messieurs Linden Bros vous en dénient la possibilité parce que soi-disant « un attachement est déjà en cours à cet endroit », et puis votre liste d’amis que vous ne pouvez pas consulter autrement qu’en employant des trésors d’imagination, et votre inventaire qui fait des siennes en mettant des heures à charger, vous empêchant de retrouver ces jolis petits escarpins que vous aviez achetés la veille et que vous aimeriez mettre à la soirée à laquelle vous êtes invitée mais à laquelle vous ne pourrez de toute manière pas participer parce que le sim est plein à craquer et comme vous arrivez en retard il n’y a plus de place pour vous alors il ne vous reste plus qu’à sortir votre plan B si vous ne voulez pas finir la nuit à faire des mots croisés.
Et ça ce n’est que le volet Second Life, il y a aussi l’autre côté sombre de la Force, le plus pernicieux, le plus dévoreur de temps, l’araignée qui vous prend dans sa toile et vous scotche devant votre écran d’ordinateur jusqu’à des heures indues du petit matin quand finalement vous allez vous coucher les yeux brûlants en vous demandant pourquoi vous vous êtes encore fait piéger devant ce machin tentaculaire et difforme, le blog.
C’est effarant le nombre de blogs qui peuvent exister sur tout et n’importe quoi, chacun vous renvoyant vers d’autres blogs en un ping pong sans fin qui vous perd de manière aussi sure qu’un labyrinthe ou qu’une carte routière datant des années 50 ; heureusement qu’il y a quelques bonnes âmes pour vous aider à retrouver votre chemin dans cette jungle.
Il y a vraiment trop de blogs, il est impossible de tout lire et, de toute façon, comment savoir où se trouve la « bonne » information, celle qui va réellement vous apporter le petit plus dont vous aviez besoin ?
En fait vous passez la majeure partie de votre temps à lire des choses dont vous vous seriez bien passé, mais quand vous vous en rendez compte, si vous vous en rendez vraiment compte, ce qui n’est pas certain, il est déjà trop tard, l’heure a tourné comme une folle et le temps perdu ne vous sera pas rendu.
Nil
Il existe pourtant de « bonnes » informations noyées dans cette masse, mais comment les trouver et, surtout, comment est-on sûr qu’on les a trouvées?
Mon expérience personnelle ne me rend pas excessivement optimiste sur le sujet.
L’exemple du reportage sur Arte concernant Monsanto est pour moi caractéristique ; ce reportage apparemment (d’après certains experts) truffé d’approximations sur le plan scientifique a été carrément plébiscité par la blogosphère, elle-même composée en majorité d’internautes ne connaissant rien au sujet mais se comportant comme des moutons bêlant avec l’ensemble du troupeau. Les rares spécialistes (ou présumés tels) s’étant exprimés sur le sujet en apportant des arguments factuels se sont très rapidement retrouvés disqualifiés et accusés de collusion avec les sociétés multinationales, lesquelles sont suspectées de nous cacher la vérité quand elles se contentent de préserver le secret industriel de leurs découvertes (vous connaissez une société digne de ce nom qui met immédiatement sur la place publique le résultat de ses chercheurs… ?)
Quand quelqu’un ne veut pas parler, on en déduit qu’il a forcément quelque chose à cacher ; il en va de même à la puissance 10 pour les sociétés industrielles et commerciales, c’est dans l’air du temps, « on nous dit rien, on nous cache tout » et il y a obligatoirement « anguille sous roche » ou « pas de fumée sans feu »…
C’est comme cela que se propagent les rumeurs, basées sur des faits « virtuels » (tiens, tiens, Second Life n’est pas loin…) non vérifiés ou tout simplement non vérifiables, et c’est comme cela qu’enfle la bulle que l’on nomme le buzz, le bourdonnement pour parler français, une bulle pleine de bruits de toutes sortes qui cachent les « bonnes paroles » qui, elles, sont susurrées à votre oreille et que vous avez énormément de mal à entendre.
Mais quand la rumeur est partie, qu’elle s’est installée dans les cerveaux disponibles qui étaient prêts à l’accueillir sans trop se poser de questions parce que c’est plus pratique de hurler avec les loups ou de bêler avec l’ensemble des moutons (loup, mouton, chacun peut être l’un ou l’autre, tout dépend de son tempérament et des circonstances) alors il est quasiment impossible de faire marche arrière, et même si la rumeur se révèle infondée elle se sera installée et aura fait son nid, il sera très difficile de la déloger et de faire entendre raison à ceux qui se seront trompés mais qui ne voudront pas l’admettre quoi qu’il en soit.
Car il en est de l’information (sur internet ou ailleurs…) comme de toute croyance, l’esprit humain a tendance à aller au plus pratique, au plus facile, au plus sûr, au plus réconfortant, à ce qui remet le moins possible en cause les certitudes acquises et les préjugés accumulés depuis la naissance ou, si l’on est quelqu’un d’influençable, depuis qu’on a écouté le dernier qui a parlé avec conviction et charisme, même si seuls des mots sont sortis de sa « réflexion » (c’est trop fatigant après tout d’aller chercher toutes les preuves de ce que l’on entend ou voit de ci de là)
Et puis l’esprit humain aime les histoires, surtout quand ces histoires parlent de complots.
La « théorie du complot » est d’ailleurs l’une des recettes qui marchent le mieux sur Internet, c’était déjà le cas auparavant, mais la « toile » lui a donné une dimension grandiose en propageant à la vitesse V les informations les plus farfelues ou tout simplement sujettes à caution.
On en vient à se demander à quoi toute cette information disponible à portée de souris peut bien être utile, si l’on n’est pas capable de séparer le bon grain de l’ivraie.
Et qu’en est-il de l’utilité réelle des mondes virtuels tels que Second Life ? L’idée communément admise ou du moins grandement partagée est que le web3.0 va bouleverser notre vie et que nous allons également bientôt atteindre la « Singularité technologique » qui fera que l’intelligence des machines dépassera celle des hommes, lesquels seraient alors réduits en une sorte d’esclavage plus ou moins consenti…
A ce sujet je me contenterais de vous fournir un lien déjà ancien (il date de 2006) mais toujours d’actualité, dans lequel on peut lire : « ..Quand les êtres humains sentent qu’ils ne peuvent pas changer le futur, ils commencent à imaginer que peut-être des êtres surhumains le peuvent : dieux, anges, extra-terrestres - et maintenant intelligences artificielles (AI). L’idée de la Singularité est juste une version sophistiquée de cette… superstition antique, que l’Histoire humaine est ou sera bientôt faite par quelque chose d’autre et de meilleur que les êtres humains. »
Pour revenir à l’utilité de Second Life, j’ai déjà donné mon avis plus haut en considérant cela comme un jouet sophistiqué ; à l’heure actuelle il y a trop peu de personnes connectées dans le monde, et ceux qui peuvent vraiment « utiliser » Second Life avec une connexion raisonnable le font en grande partie pour s’amuser, pour « passer le temps » et certainement pas pour gérer leur compte bancaire comme PO Carles semble le penser. Et ce n’est pas la carte bancaire que David Emmenthal Castéra s’est procurée in-world qui me fera pour l’instant changer d’avis, pour cela j’attends de voir que ce service soit proposé dans toutes les agences de France et de Navarre avant de me forger une opinion définitive!
Disillusion
Je ne m’attendais pas, en créant ce blog, à devenir la Loïc le Meur féminine…
J’espérais cependant, naïvement, que ma prose rencontrerait une certaine audience et provoquerait quelques réactions.
Je n’ai jamais cherché à flatter ou à caresser quiconque dans le sens du poil, et plus que des vérités assénées à mes lecteurs j’ai préféré écrire de courts articles la plupart du temps sous forme de questions ouvertes dans l’espoir d’encourager la discussion, comme pour l’article sur « Le monde selon Monsanto » déjà évoqué plus haut.
Sur cet article je n’ai obtenu que quatre commentaires, tous très bien argumentés : le premier attaché à mon premier article, en provenance d’un « anonyme » apparemment bien informé sur la question, les deux suivants en réponse à un message que j’avais envoyé au webmestre de l’association AFIS, un site dénonçant les pseudosciences, et enfin le dernier, tout récemment, faisant référence à une réponse, sur un autre blog, de Marie-monique Robin à ladite AFIS.
Les trois premiers commentaires, tous très fortement critiques envers le reportage de Marie-monique Robin, la réalisatrice de « Le monde selon Monsanto », n’ont provoqué pendant longtemps aucune réaction, aucun commentaire de la part d’un quelconque lecteur ayant un tant soit peu la fibre écologiste et donc, en principe, plutôt réfractaire aux OGM que produit notamment la firme américaine.
J’en déduis donc que, soit je n’ai pas de lecteur écologiste (hum…), soit mes lecteurs écologistes n’ont rien trouvé à redire à mon article ainsi qu’aux commentaires qu’il a suscités. Mais même un lecteur non écologiste devrait avoir une opinion, ne serait-ce que minime, sur le sujet, alors que dire d’un écolo !
Une autre de mes expériences m’a fait toucher du doigt la réelle difficulté de communiquer efficacement au moyen des blogs.
L’avantage des blogs c’est bien sûr de pouvoir discuter quasiment en temps réel avec l’ensemble de la planète sur n’importe quel sujet, bref d’échanger des opinions, de les confronter, les comparer afin de s’améliorer soi même ou provoquer chez les autres de salutaires réflexions.
Mais pour échanger des opinions il faut que les deux parties soient capables d’évoluer et de changer leur façon de voir, de comprendre des concepts qui leur sont étrangers car leur éducation et leur expérience ne leur ont jamais permis d’y être confrontés, afin d’éventuellement modifier leurs comportements ou leurs habitudes ne serait-ce que de manière infime.
Il y a quelque temps de cela j’avais laissé un commentaire sur un blog marocain au sujet du port du voile et de la discrimination des femmes qu’il entrainait à mes yeux.
Je ne savais pas alors que ce simple commentaire allait m’emmener sur le terrain de la religion face à un contradicteur plutôt borné m’accusant de dire n’importe quoi et d’être, c’est un comble, un « vrai mur » selon son expression, alors que mes arguments étaient me semble-t-il beaucoup plus développés et étayés que les siens basés uniquement sur un respect absolu de textes sacrés destinés précisément à justifier le port du hidjab par les femmes musulmanes.
En fait les contempteurs intégristes des OGM me paraissent assez semblables aux intégristes musulmans défendant le port du voile par la femme sous prétexte de la protéger ; les uns veulent défendre la planète en utilisant une approche médiévale et passéiste, certains prônant une croissance négative et un retour à des pratiques alimentaires d’un autre âge, les autres justifient la soumission de la femme en vous mettant sous le nez des textes soit disant sacrés datant du Moyen-âge en vous enjoignant de les lire si vous voulez accéder à la Connaissance.
J’ai eu sur un autre blog, celui de Myster Welles, une « conversation » autrement plus constructive que la précédente (qui n’était cependant pas dénuée d’intérêt) et qui nous a fait naviguer de la femme (non voilée…) dans Second Life jusqu’à 2001 l’Odyssée de l’Espace en passant par Matrix ; merci Myster Welles !
J’aurais bien aimé avoir ce genre de discussion sur mon propre blog, avec un interminable fil de discussion impliquant plusieurs lecteurs donnant chacun son point de vue, mais non, presque rien, le néant quasi absolu, seulement quelques petits commentaires gentils destinés certainement à me rassurer en me laissant supposer que tel article avait eu un écho à peine positif, c’est-à-dire n’était pas passé complètement inaperçu.
Bon, j’exagère un peu là, je sais quand même que j’ai une petite quinzaine de lecteurs assidus (certains d’ailleurs me disant en aparté qu’ils aiment bien ce que j’écris ou les « photos » que je publie) mais un peu fainéants de la plume (ou plutôt de la souris) ou trop occupés comme moi à parcourir les innombrables blogs qu’ils consultent régulièrement ; comme quoi je ne suis pas la seule à perdre mon temps à patauger dans la blogosphère…
Tuesday, April 8, 2008
Gone with the buzz™ (4)
Publié par Géd à l'adresse 3:48 PM
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2 comments:
Bonjour Sofian,
A partir de ton article, comme souvent, j'ai suivi la plupart des liens. Il se trouve que celui en rapport avec le voile portait sur un thème qui me tient à coeur, et j'y ai mis mon grain de sel. Jette un oeil à l'occase ^^
Au passage, merci pour tes textes, toujours intéressants !
Sorry, pas de blog, je signe de mon surnom.
Merci Chris:)
J'ai lu tes commentaires et ceux qu'il a suscités dans le blog en question.
Nous ne vivons pas sur la même planète que certaines personnes apparemment...
Et ce n'est pas demain que les femmes auront le statut d'égales des hommes, ce n'est déjà pas le cas dans les pays dits occidentaux, alors pour les autres...
Mais il faut continuer à se battre, les petits ruisseaux font les grandes rivières, même si la mer semble bien loin.
Et bon courage avec tes élèves, j'espère qu'ils ne t'en font pas trop baver!
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