Tuesday, April 8, 2008

Gone with the buzz™ (3)



C comme Comedy

Et puis pourquoi se connecter à Second Life?
On serait si bien à lire un bon bouquin, à sortir au cinéma ou à faire de la marche (à pieds faut-il le préciser… ?) au lieu de s’enfermer dans une pièce étroite à l’abri des regards et des oreilles indiscrets pour faire évoluer des petites marionnettes actionnées avec plus ou moins de dextérité par un index frénétique.
Et que dire du système aberrant et obsolète de communication qui consiste à faire discuter ces pantins au moyen d’un clavier d’ordinateur en se trompant une fois sur deux de boite de dialogue, ce qui peut avoir pour effet de dévoiler à un parfait inconnu ce que vous aviez de plus secret à dire à votre amour de jeunesse (i.e. que vous avez connu quatre mois plus tôt) ?
Ah oui, il y a la voix, the voice, qui permet de s’affranchir dudit clavier mais qui du coup, si elle était généralisée et rendue quasiment obligatoire, dévoilerait que la moitié des avatars féminins sont en fait téléguidés par des hommes.
Non, non, ce n’est pas une bonne idée la voix, et puis dans une assemblée un peu nombreuse on finit par ne plus s’entendre, c’est la cacophonie, et aussi plus aucune possibilité de « prendre des notes » à moins de tout marquer sur un calepin avec un vulgaire stylo, mais vous vous voyez en train de manipuler votre avatar et prendre des notes comme au bon vieux temps ?
En fait si l’on se connecte à Second Life, malgré les indéniables imperfections du système, c’est tout simplement … pour jouer !
Oui, oui, j’entends parfaitement les complaintes de tous ceux qui protestent : « Mais non, Second Life n’est pas un jeu ! C’est un "univers persistant" qui permet aux internautes de se constituer un personnage virtuel que l’on appelle un avatar et d'interagir avec les millions d'autres internautes inscrits. Second Life est créé par ses utilisateurs eux-mêmes et permet des échanges en tous genres : créations virtuelles ou propos politiques, sur lesquels les inscrits détiennent les droits et dont ils assument la responsabilité...» ou « Un jeu a besoin de défis, d’obstacles, de but et, plus généralement, de mécanismes ludiques. Il n’y a rien de tout ça sur Second Life. » et patati et patata…
Permettez-moi, après quasiment un an d’existence dans ce monde parallèle, d’avoir forgé mon opinion sur le sujet.
Second Life est un jeu, que cela vous plaise ou non.
Des défis, des obstacles, ce n’est pas ce qui manque dans ce satané endroit, qualifié d’ « univers persistant » par des ignorants qui ne connaissent pas les crashes à répétition, et puis les mécanismes ludiques, parlons-en…



D’abord on joue à créer un compte, ce qui est déjà un jeu en lui-même puisqu’il y a quelques règles à respecter et au bout (du compte) une récompense quelquefois durement méritée, l’accès au monde de Second Life !
Ensuite il faut réellement (sic) créer son avatar, c’est-à-dire lui faire prendre une apparence la moins ridicule possible, même si pour quelques rares joueurs le jeu consiste justement à créer un avatar le plus ridicule qui soit (je suspecte qu’il doit y avoir des concours avec des prix à gagner)
Il faut également habiller son avatar, et ne me dites pas que pour vous ce n’est pas un amusement que de lui faire essayer toutes sortes d’habits ou de panoplies, pour ne pas dire de … déguisements, comme pour carnaval ou pour aller à une soirée masquée, sauf que quand vous faites cela dans la vraie vie vous ne dites pas que vous jouez mais que vous vous divertissez, comme quand vous jouez sur votre Playstation à conduire une formule 1 ou une voiture de rallye vous « pratiquez » la même activité qu’un sportif exercera de manière professionnelle dans la vraie vie ; bref vous jouez parfaitement à habiller votre avatar, comme une petite fille joue à habiller sa poupée Barbie (pour les garçons, qui sont plus fatigués et impatients par nature, les soldats sont en principe déjà habillés ce qui permet une mise en action plus rapide, d’ailleurs le code vestimentaire des avatars masculins dans Second Life est notoirement affligeant de banalité)

Quand vous avez créé votre avatar et que vous l’avez décemment habillé, vous jouez encore à avoir des relations avec les autres avatars, et les personnes physiques derrière ces autres avatars sont des joueurs comme vous, comme quand vous faites du théâtre ou du cinéma, et si vous ne faites ni théâtre ni cinéma dans la vie réelle (il faut dire que les places sont comptées) c’est justement l’occasion rêvée d’en faire dans un monde virtuel ; d’ailleurs, il est symptomatique (j’ai l’impression que c’est la deuxième fois que j’emploie cet adjectif, je devrais me faire soigner…) que beaucoup d’avatars mentionnent dans leur profil quelque chose du style « please no drama » de façon à signifier aux autres qu’ils ne désirent pas jouer, ce qui est bien la preuve que le jeu existe, autrement quel intérêt y aurait-il à faire cette recommandation ?



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